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Saisir l’essence de toutes choses

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Le monde de demain sera animiste ou ne sera pas. OK. J’avoue. Cette phrase est un peu inspirée par celle attribuée à Malraux.

Pourquoi cette phrase, là maintenant ?

Tout simplement parce que je suis en train de lire le superbe livre de Nastassja Martin intitulé « A l’est des rêves. Réponses Even aux crises systémiques ». Et qu’il est vraiment bien. Il me permet de poser des mots et une réalité sur ce que je sens depuis quelques temps. Il y a urgence à penser le monde différemment. A bâtir une autre relation d’être au monde avec l’ensemble des êtres humains et non humains.

Nastassja Martin est une anthropologue qui est partie étudier la question de l’animisme chez les peuples du Grand Nord. D’abord en Alaska chez les Gwich’in puis au Kamatchatka chez les Even.

Dans « À l’est des rêves », elle raconte sa rencontre avec une famille Even qui est partie (re)vivre en forêt, après l’effondrement de l’Union soviétique. Elle y parle notamment de la place du rêve et des mythes dans un monde où la nature n’est pas vue comme une entité séparée de nous qu’il faudrait protéger ou exploiter mais comme un ensemble d’êtres dont nous faisons simplement partie.

Nous avons tous une âme ou une intériorité qui nous relie les uns aux autres

Ainsi, selon l’auteur interviewée sur un de ces livres précédents« Ce qui est dit dans cette cosmologie animiste est que nous avons tous une âme ou une intériorité, que nous soyons plantes, animaux ou humains. À partir de ce fonds commun animé, nous pouvons envisager ces êtres vivants comme des « alter égaux »… »

Je ressens bien que cette façon d’envisager le monde est celle qui résonne au fond de moi. Je pense à mes mantras, et plus particulièrement à cette nécessité pour moi de renouer avec le sauvage en moi. A ma relation créative avec la nature.

Je songe à ce besoin de vivre différemment, à ce truc à l’intérieur de moi qui me pousse dans une direction bien éloignée de ce que la société de consommation occidentale, rationnelle et cartésienne a fait de moi.

Je pense à ce lien que je ressens depuis toujours avec la nature qui m’entoure. Je me souviens des forêts jurassiennes où j’ai grandi et de mon enfance au contact avec la nature. Je ressens la nature en moi. Mais, pour des tas de raisons, j’ai étouffé ça pendant très longtemps, me coupant d’une part intuitive unique.

Aujourd’hui je veux me laisser aller à ressentir et saisir l’essence de toutes choses. Parce que c’est essentiel pour le monde de demain qui sera, selon moi, animiste ou ne sera pas.